À la croisée des générations
Rapprochements intergénérationnels à Montréal

Au fil des mots et des images qui suivent, vous allez partir à la découverte de 14 organismes et institutions qui, chacun à sa manière, rendent le monde meilleur. Que ce soit en distribuant de la nourriture aux plus désœuvrés, en accompagnant des enfants dans l’apprentissage de la langue de leur nouveau pays, en invitant au musée des enfants défavorisés, ou encore en distribuant du bonheur dans des maisons de retraite, tous contribuent au bien-être de communautés entières.

Et tous ont un point commun: ils le font en créant des ponts entre des tranches d’âges qui ne se croisent, autrement, que rarement.

Fruit d’une collaboration entre l’organisme Intergénérations Québec et le photographe Mikaël Theimer, À la croisée des générations est une invitation à l’implication communautaire, à l’ouverture et, bien sûr, au mélange des générations.

Danser le printemps
Quand ados et aînés se retrouvent sur la piste de danse

Fort d’une longue pratique des arts de la scène, le danseur et chorégraphe Thierry Thieû Niang consacre aujourd’hui sa pratique artistique aux personnes étrangères au monde du spectacle, aux aînés, malades, adolescents, prisonniers, réfugiés, magnifiant de manière poétique leur corps et leur personnalité. Sa démarche inspire les consciences, stimule les sens, et provoque des regards nouveaux.

« La danse, pour moi, c’est du plaisir. Mais c’est aussi se sentir vivant, sentir qu’on peut bouger, s’étirer, se plier, sauter, n’importe quoi. Je tiens à ça. J’ai beau vieillir, j’aime être capable de faire plein de choses avec mon corps. Quand on est dans le plaisir, on est dans notre dimension « enfant », dans cette part de nous qui ne nous quitte finalement jamais: on a envie de jouer, de rire, de communiquer. Tant qu’on n’est pas mort, on vit. Tant qu’on respire, on est vivant et tant qu’à être vivant, ben vivons! »
La popote roulante
Au coeur d’une cuisine sociale et collective
La popote roulante du Santropol Roulant prépare et livre des repas à des personnes en perte d’autonomie. Chaque jour en cuisine, une équipe de bénévoles se met aux fourneaux. En plus de contribuer à leur communauté, c’est l’occasion pour eux de créer des liens avec des plus jeunes et des moins jeunes, venus d’ici ou d’ailleurs.
La popote du Roulant travaille depuis ses débuts avec de jeunes bénévoles de tous les horizons; les fondateurs voulaient trouver une façon de rassembler deux populations qui, habituellement, ne se côtoient pas dans la société, les jeunes et les aînés, et former ainsi une communauté intergénérationnelle.
« Je viens ici pour le côté social, mais aussi pour rencontrer des gens. Ici, il y a des bénévoles qui viennent de partout dans le monde, il y a beaucoup de nouveaux immigrants: c’est un moyen d’intégration pour eux. »
ÉCOUTE POUR VOIR
Danser pour s’évader
Écoute pour voir est une proposition performative qui favorise le rapprochement entre deux personnes. Le temps d’une musique, le danseur offre au spectateur une chorégraphie alors que tous deux sont munis d’une paire d’écouteurs.

Cette approche chaleureuse mariant les qualités relationnelles et artistiques offre aux aînés atteints de troubles cognitifs du Centre Évasion un interlude de légèreté, leur permettant de rompre un instant avec lʼennui par la rencontre. Son caractère personnalisé favorise lʼaccompagnement et permet au participant de sʼabandonner quelques minutes au plaisir de la musique et à la fraîcheur dʼune danse invitante. Par la danse contemporaine, Écoute pour voir engendre un véritable contact humain, rapproche les générations et unit les sensibilités.

La compagnie Danse Carpe Diem / Emmanuel Jouthe offre aux participants une danse nomade, une promenade à deux, un dialogue de proximité : c’est une expérience unique, touchante et humainement bouleversante.
La compagnie Danse Carpe Diem / Emmanuel Jouthe offre aux participants une danse nomade, une promenade à deux, un dialogue de proximité : c’est une expérience unique, touchante et humainement bouleversante.
J’apprends avec mon enfant
Soutien éducatif à domicile
Marie est bénévole pour le programme Soutien éducatif à domicile et se rend, chaque semaine, chez la famille Khan pour transmettre le plaisir de la lecture.

Chaque année, des dizaines d’enfants présentant des difficultés d’apprentissage de la lecture sont référés par les enseignants de première et deuxième année des écoles primaires de cinq arrondissements de Montréal.

Le but de ces rencontres est de développer chez l’enfant le goût pour la lecture et de le soutenir dans ses apprentissages scolaires en lui lisant des livres, en racontant des histoires, en jouant avec les mots… Axée sur le plaisir de lire, cette approche crée un climat chaleureux et de confiance où l’enfant pourra se sentir à l’aise de progresser à son rythme.

« C’est ma deuxième famille; ma première famille, c’était chez une petite Égyptienne qui est aujourd’hui en cinquième année. Et ce sont des gens que je revois encore. Pas pour faire la lecture, parce qu’elle n’a plus besoin de moi, mais parce que je me suis attachée à eux et je pense qu’ils se sont attachés à moi aussi. »
Raconte-moi ton histoire
Quand les générations se rencontrent et se racontent
Raconte-moi ton histoire est un projet de la Maison d’Aurore qui utilise la photographie et le récit de vie pour favoriser le développement de liens d’amitié entre jeunes et aînés. Après avoir choisi un thème entre dix sujets, jeunes et moins jeunes se racontent leur histoire vécue.
« La majorité de mon temps, je suis entourée de gens de mon âge, mais jamais de personnes plus âgées que moi. Pourtant, elles ont plein de choses à raconter sur la vie qu’elles ont vécue et c’est intéressant à écouter. »
« Tu peux avoir un lien proche avec tes grands-parents, mais ils ne peuvent pas devenir tes amis. Et c’est ça que j’aime ici: on peut venir se faire des amis avec des personnes plus âgées que nous. »
Habitations partagées
Des colocations inopinées
Dimitri et Jean-Pierre sont devenus colocataires grâce au projet Habitations Partagées de la Maisonnée, une initiative unique de cohabitation intergénérationnelle entre de jeunes nouveaux arrivants et des aînés québécois.
« Je suis arrivé au Canada au mois de septembre. Quand j’ai trouvé un travail, on a fêté ça…

– Il a sorti la vodka !

– J’avais apporté une bouteille de Russie pour cette occasion donc dès que j’ai trouvé du travail, je l’ai sortie et j’étais content de partager ça avec Jean-Pierre. C’est une situation qui nous permet de passer de bons moments ensemble, de jaser. Quand il se passe quelque chose de positif dans la vie, on essaie de le partager. »

« Tu peux avoir un lien proche avec tes grands-parents, mais ils ne peuvent pas devenir tes amis. Et c’est ça que j’aime ici: on peut venir se faire des amis avec des personnes plus âgées que nous. »
Café-rencontre pour mamans
Des mamies le temps d’un répit
Des rencontres sont organisées par la Maison des Grands-Parents de Villeray pour les mamans qui désirent partager et échanger sur l’éducation de leurs enfants avec des personnes d’expérience. Parallèlement, des bénévoles aînées se partagent le plaisir d’amuser les petits.
« Quand on vieillit et qu’on ne travaille plus, on se sent un peu en retrait de tout; là ça nous replonge dans la vie. Quand je suis en présence d’un bébé, je me déconcentre complètement de moi-même pour être avec lui et les autres bénévoles. »
« Il est parfois long à venir, le sourire d’un bébé, et tout à coup il vient. Et ça veut dire qu’il s’est passé quelque chose, qu’il y a eu un échange. Et puis, on soulage les jeunes mamans pendant deux heures, ça leur fait du bien. »
Les amis de la Porte jaune
Tisser des liens à tout âge

Générations, le programme-phare de l’organisme la Porte Jaune vise à favoriser le maintien à domicile des aînés et à empêcher les personnes âgées d’entrer en maison de retraite ou en foyer d’accueil prématurément en favorisant les relations intergénérationnelles. Dans ce but, ils associent de jeunes bénévoles avec des aînés du centre-ville et organisent une grande variété d’événements et de clubs pour le bonheur et le bien-être de leurs adhérents.

« Je m’étais blessée le pied et j’avais besoin d’aide pour faire mon épicerie et des choses comme ça. J’ai donc appelé la Porte Jaune. Stéphanie était bénévole, elle est venue chez moi et on a fait ça ensemble. Elle m’a tellement aidée quand j’étais blessée. Finalement j’ai guéri, mais on est restées amies, on prend des cafés et des cocktails. On s’est rendu compte qu’on avait la même date d’anniversaire et tellement d’intérêts communs. J’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer. »
Notre histoire au fil des pages
Se rapprocher à travers l’art
38 jeunes de sixième année de l’école Adélard-Desrosiers, ainsi que trois bénévoles du Musée des beaux-arts de Montréal et trois bénévoles de la Société de SaintVincent de Paul, se sont réunis le temps de cinq ateliers afin de créer une œuvre collective.
Encadrés par trois art-thérapeutes et trois éducatrices, les participants ont été amenés à explorer le musée et à s’exprimer à travers des réflexions entourant leur vécu. Ils ont ainsi expérimenté différentes façons d’entrer en relation avec soi, les autres et leur environnement.

Notre histoire au fil des pages est un projet de la Société Saint-Vincent de Paul, en partenariat avec le Musée des beaux-arts de Montréal.

Chorale intergénérationnelle
Harmonie et ouverture
Voici une chorale hors du commun qui réunit des jeunes du secondaire, des aînés et leurs proches, bénévoles et employés du Centre d’hébergement Denis-Benjamin-Viger. Les liens intergénérationnels tissés entre les participants confèrent un caractère unique à cette chorale.
« Vous êtes ma famille, maintenant. »
L’initiative procure de nombreux bienfaits, non seulement aux résidents, mais aussi aux autres participants. Les jeunes ont la chance d’interagir avec ces aînés et de prendre conscience des liens qui les unissent avec le passé, tandis que les résidents y voient une occasion de stimuler leurs fonctions cognitives et motrices.
Souper intergénérationnel
Plus qu’un simple repas à partager
Un mardi sur deux, les jeunes de l’Accès-Cible Jeunesse Rosemont rendent visite aux résidents des habitations communautaires Le Pélican pour partager un souper.
« Je viens pour connaître les histoires des personnes âgées, parce que tout le monde a vécu quelque chose de différent. Ils ne viennent pas tous du Québec, il y en a qui sont immigrants et on peut apprendre comment c’était dans leur pays. Ils nous racontent leurs histoires et en même temps, ça nous apprend l’Histoire. »
« On communique tout le temps avec d’autres jeunes. Ici c’est le seul endroit où l’on peut communiquer avec des gens qui sont plus vieux que nous et qui nous enseignent des choses qu’on n’écouterait peut-être pas si nos parents nous les disaient; mais quand eux nous les disent, on les écoute. Et moi, ça me fait du bien. »
Portes ouvertes
dans le Mile-End
Quand les voisins s’invitent chez-vous
Du 1er au 23 décembre 2016, pour faire circuler la magie de Noël au sein de son quartier, l’artiste Patsy Van Roost – qu’on surnomme « La Fée du Mile-End » – a convaincu 23 familles d’ouvrir leurs portes à leurs voisins le temps d’un 5 à 7. Comme un calendrier de l’avent vivant, une nouvelle porte s’ouvrait chaque soir pour permettre à qui le souhaitait de fraterniser avec les âmes curieuses qui s’étaient laissées tenter par l’expérience.
« Ce n’est pas une aventure d’un soir, car même si on ne sonne qu’à une porte, au moins les gens rencontrés, on les recroise dans le quartier. »
Grâce à cet événement, Astrid, 74 ans, a pu fuir la solitude de l’hiver et se trouver une nouvelle famille: venue pour la première fois à la porte numéro 5, elle n’en a plus manquée une seule par la suite. Elle est ainsi devenue le cœur du quartier et, d’une porte à l’autre, c’est elle qui présentait les inconnus les uns aux autres.
Le Potager à partager
Semer… pour récolter

Le Potager à partager, c’est l’ouverture d’un CHSLD sur la communauté. Aînés et jeunes se retrouvent pour un moment de complicité autour du plaisir de jardiner. La mise en place et l’entretien du potager ont permis de créer des échanges et de l’entraide entre les générations.

« Ça permet de changer l’image des résidents de CHSLD. Planter, jardiner, cultiver, les gens font ça toute leur vie. »

Grâce à cet événement, Astrid, 74 ans, a pu fuir la solitude de l’hiver et se trouver une nouvelle famille: venue pour la première fois à la porte numéro 5, elle n’en a plus manquée une seule par la suite. Elle est ainsi devenue le cœur du quartier et, d’une porte à l’autre, c’est elle qui présentait les inconnus les uns aux autres.
CRÉDITS
À la Croisée des Générations est un projet d’Intergénérations Québec, en collaboration avec le photographe Mikaël Theimer.