En 2022, la Semaine québécoise intergénérationnelle sera placée sous ce double thème et proposera des solutions intergénérationnelles à ces phénomènes qui ont été exacerbés par la pandémie.
Mise en contexte, par Lorraine Mathews, vice-présidente d’Intergénérations Québec
Les derniers mois que nous avons vécus et les diverses consignes de prévention appliquées pour tenter d’éviter la propagation de la covid-19 ont entraîné de nombreuses réflexions sur les relations sociales. La solidarité, l’entraide auprès des personnes plus vulnérables et le souci envers des parents vieillissant seuls ont été des sujets d’actualité. La question des relations entre personnes d’âges différents a été fréquemment soulevée. Certains liens se sont renforcés et plusieurs personnes ont reçu davantage d’attention et d’aide de membres de leurs familles et du voisinage. Cet élan est-il conjoncturel ou débouchera-t-il sur de nouveaux comportements d’altérité?
En parallèle, nombreux sont ceux qui questionnent le sens de leur vie, qu’elle soit familiale, scolaire, professionnelle ou citoyenne, et leur rôle dans la société. C’est notamment le cas des personnes pour lesquelles les activités de bénévolat étaient un mode d’implication sociale, de participation citoyenne, d’intégration au groupe social (quartier, milieu de vie, loisirs, amitié, etc.). Plus que jamais, cette participation sociale est pour beaucoup un rempart contre le néolibéralisme, dont une des manifestations est de traiter les ressources humaines comme étant du « capital humain ». Les liens intergénérationnels apportent un antidote à ce péril en (re)donnant du sens aux cheminements de vie.
Depuis le début de cette pandémie, Intergénérations Québec a agi pour soutenir et stimuler les différents acteurs du milieu, les sensibilisant et les accompagnant afin qu’ils demeurent présents sur les terrains (même virtuels!) et pour leur suggérer des moyens de poursuivre leurs activités de solidarité intergénérationnelle.
Convaincus des bienfaits des liens intergénérationnels, nous souhaitons placer la Semaine québécoise intergénérationnelle 2022 sous le signe de la réflexion autour de l’action intergénérationnelle en tant que levier de régénération de sens, de démontrer comment l’intergénérationnel est un liant social du commun.
Âgisme et isolement : solutions intergénérationnelles
Pour vivre en santé, chaque personne, toutes générations confondues, a besoin d’interactions sociales et de réseaux de soutien. Or, la pandémie de covid-19 a accentué les inégalités et fragilisé le filet social. Pertes d’emploi, bouleversement des liens sociaux et problèmes d’accès aux services ont exacerbé l’isolement dont sont tout particulièrement victimes les adolescents et les ainés.
Ces deux générations, que tout semble pourtant opposer, partagent un autre point commun : l’âgisme dont elles sont victimes. Au travail, dans les institutions, dans les médias, dans les relations avec les autres et même dans l’estime de soi, l’âgisme a des conséquences graves et profondes sur la santé, le bien-être et les droits des individus. Pour aider jeunes et ainés à maintenir leurs liens sociaux et à rester actifs, il importe donc de lutter contre cette forme de discrimination qui découle de croyances, de préjugés et de stéréotypes basés sur l’âge. Malheureusement, l’âgisme demeure peu connu et trop souvent invisible.
À l’origine de la discrimination fondée sur l’âge se trouve généralement une méconnaissance de l’autre. C’est pourquoi le rapprochement entre les générations est le meilleur moyen de lutter contre ce phénomène. En dialoguant avec l’autre, chacun combat ses propres préjugés et découvre que les points communs sont plus nombreux que les différences.
« Les interventions favorisant les contacts intergénérationnels figurent parmi les plus efficaces pour réduire l’âgisme à l’égard des personnes âgées, et elles sont également encourageantes pour ce qui est de réduire l’âgisme à l’égard des jeunes. » ─ Organisation mondiale de la santé, Rapport mondial sur l’âgisme, 2021
Lutte contre l’isolement et lutte contre l’âgisme vont de pair, car la rencontre de l’altérité est un remède à l’ignorance et à l’exclusion. Comment l’intergénérationnel peut-il contribuer à ce processus?
Comment briser l’isolement des générations et renouer avec la mixité générationnelle au sein de notre société? Comment agir pour que chaque citoyen soit traité en tant qu’individu à part entière et évalué non pas selon des présomptions, mais en fonction de ses propres mérites, passions et capacités ? Que tous puissent bénéficier de chances et d’avantages égaux, sans égard à leur âge et aux autres facteurs avec lesquels il peut se conjuguer?
En mai 2022, nous vous invitons à vous joindre à cette réflexion. Ensemble, mobilisons toutes les générations pour briser les préjugés et la solitude!